Vaud lance une vaste étude sur l’impact des parcs éoliens
SAMEDI 31 MAI 2014
ENVIRONNEMENT • Les ONG ont été entendues: l’Etat accepte d’évaluer l’impact cumulé des 156 éoliennes planifiées sur le paysage et les oiseaux.
C’était une revendication des organisations environnementales. Le canton de Vaud va lancer une étude d’impact cumulé sur le paysage et la faune ailée de l’ensemble des parcs éoliens prévus sur le territoire vaudois, voire sur la région limitrophe neuchâteloise. Le Département du territoire et de l’environnement en a validé le principe. «L’élaboration des cahiers des charges est en cours, ils devraient être établis d’ici l’été», confirme Denis Rychner, chargé de communication à la Direction générale de l’environnement.
A ce jour, 19 parcs éoliens sont inscrits dans la planification cantonale, pour un total de 156 machines. Problème: les promoteurs sont tenus d’analyser l’impact de leur projet sur un périmètre restreint, sans tenir compte des projets voisins. Or, la densité d’éoliennes prévues dans certaines régions, notamment sur les crêtes jurassiennes où des parcs se côtoient à moins de dix kilomètres, inquiète les ONG.
A ce jour, 19 parcs éoliens sont inscrits dans la planification cantonale, pour un total de 156 machines. Problème: les promoteurs sont tenus d’analyser l’impact de leur projet sur un périmètre restreint, sans tenir compte des projets voisins. Or, la densité d’éoliennes prévues dans certaines régions, notamment sur les crêtes jurassiennes où des parcs se côtoient à moins de dix kilomètres, inquiète les ONG.
Le Jura en première ligne
«Le nord-est du Jura vaudois et le Jura neuchâtelois pourraient subir la concentration d’une centaine de machines», alertaient en décembre six associations – Aspo/BirdLife, Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP), Helvetia Nostra, Nos oiseaux, Pro Natura et le WWF. Leur préoccupation a finalement été entendue par les autorités.
«C’est une avancée importante», se réjouit Roman Hapka, responsable romand de FP. La fondation a d’ailleurs pris les devants et mandaté le bureau bernois Meteotest pour étudier l’impact paysager de l’ensemble des parcs éoliens vaudois et de l’Ouest neuchâtelois. «Nous allons proposer cette méthodologie au canton», poursuit-il.
Pour le volet «faune», il s’agit d’évaluer l’impact des pales tournantes sur des espèces d’oiseaux et de chauves-souris qui nichent dans les régions concernées, explique François Thurian, directeur romand de BirdLife. Parmi les espèces menacées par les collisions, on trouve le milan royal. «En Allemagne, les éoliennes sont leur deuxième cause de mortalité», note le spécialiste.
«Le nord-est du Jura vaudois et le Jura neuchâtelois pourraient subir la concentration d’une centaine de machines», alertaient en décembre six associations – Aspo/BirdLife, Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP), Helvetia Nostra, Nos oiseaux, Pro Natura et le WWF. Leur préoccupation a finalement été entendue par les autorités.
«C’est une avancée importante», se réjouit Roman Hapka, responsable romand de FP. La fondation a d’ailleurs pris les devants et mandaté le bureau bernois Meteotest pour étudier l’impact paysager de l’ensemble des parcs éoliens vaudois et de l’Ouest neuchâtelois. «Nous allons proposer cette méthodologie au canton», poursuit-il.
Pour le volet «faune», il s’agit d’évaluer l’impact des pales tournantes sur des espèces d’oiseaux et de chauves-souris qui nichent dans les régions concernées, explique François Thurian, directeur romand de BirdLife. Parmi les espèces menacées par les collisions, on trouve le milan royal. «En Allemagne, les éoliennes sont leur deuxième cause de mortalité», note le spécialiste.
Nombreux recours
Les résultats de l’étude ne sont pas attendus avant une année, précise Denis Rychner. Peuvent-ils remettre en cause l’existence de certains parcs éoliens? On imagine que oui, mais l’Etat est plus nuancé: «L’impact que cette étude pourra avoir n’est pas encore défini. Mais elle ne remettra pas en question la planification cantonale; ce sont plutôt des adaptations qui pourraient en découler», répond le porte-parole.
François Thurian espère en tout cas que les résultats auront une résonance concrète. «Sinon, on se demande bien à quoi ça sert… Les politiques devront en tenir compte.» Sans cela, les ONG ne manqueront pas de jouer leur rôle en activant les voies de recours habituelles.
En attendant, les procédures en cours sur les plans d’affection peuvent se poursuivre. A Sainte-Croix, un parc de six éoliennes fait l’objet de 17 recours, dont un qui est signé par 1700 personnes! La Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal, qui a siégé à la fin avril dans la commune du balcon du Jura, doit encore se prononcer.
A Lausanne, le plan partiel d’affection (PPA) EolJoratSud (huit éoliennes), mis à l’enquête en fin d’année dernière, a fait l’objet de 80 oppositions, en cours de traitement par la municipalité. Un préavis sera déposé par la suite.
Quant au parc Sur Grati, dans le Jura vaudois, qui associe les communes de Vallorbe, Vaulion, Premier et la société VO Energies, la mise à l’enquête va démarrer au début juin. Selon le Conseil d’Etat, qui répondait récemment à une interpellation, cinq à six sites font l’objet de travaux soutenus et pourraient être mis à l’enquête courant 2014.
Les résultats de l’étude ne sont pas attendus avant une année, précise Denis Rychner. Peuvent-ils remettre en cause l’existence de certains parcs éoliens? On imagine que oui, mais l’Etat est plus nuancé: «L’impact que cette étude pourra avoir n’est pas encore défini. Mais elle ne remettra pas en question la planification cantonale; ce sont plutôt des adaptations qui pourraient en découler», répond le porte-parole.
François Thurian espère en tout cas que les résultats auront une résonance concrète. «Sinon, on se demande bien à quoi ça sert… Les politiques devront en tenir compte.» Sans cela, les ONG ne manqueront pas de jouer leur rôle en activant les voies de recours habituelles.
En attendant, les procédures en cours sur les plans d’affection peuvent se poursuivre. A Sainte-Croix, un parc de six éoliennes fait l’objet de 17 recours, dont un qui est signé par 1700 personnes! La Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal, qui a siégé à la fin avril dans la commune du balcon du Jura, doit encore se prononcer.
A Lausanne, le plan partiel d’affection (PPA) EolJoratSud (huit éoliennes), mis à l’enquête en fin d’année dernière, a fait l’objet de 80 oppositions, en cours de traitement par la municipalité. Un préavis sera déposé par la suite.
Quant au parc Sur Grati, dans le Jura vaudois, qui associe les communes de Vallorbe, Vaulion, Premier et la société VO Energies, la mise à l’enquête va démarrer au début juin. Selon le Conseil d’Etat, qui répondait récemment à une interpellation, cinq à six sites font l’objet de travaux soutenus et pourraient être mis à l’enquête courant 2014.
Opposants toujours aussi déterminés
Le 18 mai, les Neuchâtelois ont accepté à 65% le plan éolien du gouvernement – contre-projet à l’initiative «Avenir des crêtes». Un message clair en faveur de cette source d’énergie, qui réjouit ses partisans vaudois. «C’est un signal favorable», réagit François Schaller, responsable des projets éoliens à l’Etat de Vaud. «Certains sites neuchâtelois, sur la chaîne jurassienne, ressemblent aux nôtres. Il est intéressant de voir que la population accepte l’éolien dans ce type de régions.»
Mais la comparaison s’arrête là. D’ailleurs, le résultat du canton voisin n’entame en rien la détermination des opposants vaudois. «Les gens ont été interrogés sur un principe, or les oppositions sont plus frontales une fois que les projets deviennent concrets», remarque Jean-Marc Blanc, secrétaire général de Paysage Libre Vaud, faîtière des groupes d’opposants. Il en veut pour preuve le refus massif, en 2013, du projet éolien de Daillens et Oulens, dans le Gros-de-Vaud, lors d’un vote consultatif.
Pour Michel Bongard, de Pro Natura Vaud, le plan neuchâtelois est aussi plus strict. «Vaud a fait les choses à l’envers, avec une planification réactive», déplore-t-il. Là où Neuchâtel a défini des critères précis, des zones d’exclusion, des distances à respecter, Vaud a d’abord conçu son plan éolien sur la base des projets existants, selon lui. Il salue toutefois une «amélioration des pratiques cantonales».
Le 18 mai, les Neuchâtelois ont accepté à 65% le plan éolien du gouvernement – contre-projet à l’initiative «Avenir des crêtes». Un message clair en faveur de cette source d’énergie, qui réjouit ses partisans vaudois. «C’est un signal favorable», réagit François Schaller, responsable des projets éoliens à l’Etat de Vaud. «Certains sites neuchâtelois, sur la chaîne jurassienne, ressemblent aux nôtres. Il est intéressant de voir que la population accepte l’éolien dans ce type de régions.»
Mais la comparaison s’arrête là. D’ailleurs, le résultat du canton voisin n’entame en rien la détermination des opposants vaudois. «Les gens ont été interrogés sur un principe, or les oppositions sont plus frontales une fois que les projets deviennent concrets», remarque Jean-Marc Blanc, secrétaire général de Paysage Libre Vaud, faîtière des groupes d’opposants. Il en veut pour preuve le refus massif, en 2013, du projet éolien de Daillens et Oulens, dans le Gros-de-Vaud, lors d’un vote consultatif.
Pour Michel Bongard, de Pro Natura Vaud, le plan neuchâtelois est aussi plus strict. «Vaud a fait les choses à l’envers, avec une planification réactive», déplore-t-il. Là où Neuchâtel a défini des critères précis, des zones d’exclusion, des distances à respecter, Vaud a d’abord conçu son plan éolien sur la base des projets existants, selon lui. Il salue toutefois une «amélioration des pratiques cantonales».
Pro Natura, qui défend une sortie du nucléaire, n’est pas opposé par principe aux éoliennes. A une exception près: le parc EolJoux, dans la vallée du même nom, dont le site figure à l’Inventaire fédéral du paysage. Une hérésie, pour Michel Bongard. Paradoxalement, ce projet compte parmi ceux qui suscitent la plus forte adhésion locale.
Selon le lieu, les réticences sont en effet de natures diverses. Sur les crêtes, où les projets sont plus éloignés des habitations et la population moins dense, les critiques viennent d’abord des associations de défense de la nature. A l’inverse, en plaine, où les atteintes au paysage et à l’environnement sont moindres, ce sont les riverains qui mènent la fronde. Dans tous les cas, on peut s’attendre à de belles batailles ces prochaines années. MTI
Selon le lieu, les réticences sont en effet de natures diverses. Sur les crêtes, où les projets sont plus éloignés des habitations et la population moins dense, les critiques viennent d’abord des associations de défense de la nature. A l’inverse, en plaine, où les atteintes au paysage et à l’environnement sont moindres, ce sont les riverains qui mènent la fronde. Dans tous les cas, on peut s’attendre à de belles batailles ces prochaines années. MTI
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